Alors que l’été tire doucement sa révérence, les jardins les plus avisés préparent déjà leur apothéose automnale. Au cœur de ce spectacle de fin de saison se trouvent les asters, ces étoiles végétales qui illuminent les massifs de leurs teintes vives lorsque la plupart des autres fleurs s’éteignent. Inspirée des techniques éprouvées des jardiniers britanniques, maîtres dans l’art de la floraison tardive, la réussite d’un parterre d’asters spectaculaire en septembre se joue dès maintenant. Il ne s’agit pas d’un simple coup de chance, mais d’une série de gestes précis et d’un savoir-faire qui transforment de simples plants en véritables feux d’artifice floraux.
Le choix des variétés d’asters pour une floraison spectaculaire
La première étape vers un massif réussi réside dans une sélection judicieuse des cultivars. Tous les asters ne se valent pas en termes de port, de couleur ou de résistance aux maladies. Une bonne connaissance des options disponibles est donc fondamentale.
Comprendre la grande famille des asters
Le genre Aster a été reclassifié et de nombreuses variétés populaires appartiennent désormais au genre Symphyotrichum. On distingue principalement deux grands groupes : les asters de la Nouvelle-Angleterre (Symphyotrichum novae-angliae) et ceux de la Nouvelle-Belgique (Symphyotrichum novi-belgii). Les premiers sont généralement plus hauts et très résistants à l’oïdium, une maladie fréquente. Les seconds offrent une palette de couleurs plus large mais peuvent y être plus sensibles. Choisir des variétés réputées pour leur robustesse est un premier gage de succès.
Des variétés pour chaque recoin du jardin
Que vous cherchiez à créer une bordure basse, à habiller un fond de massif ou à garnir une potée, il existe un aster pour chaque usage. Les variétés naines comme ‘Professor Anton Kippenberg’ sont parfaites en premier plan, tandis que les géants comme ‘Andenken an Alma Pötschke’ avec son rose magenta éclatant structurent l’arrière-plan. Il est essentiel de penser à la hauteur finale de la plante pour créer un tableau harmonieux.
Comparaison de variétés d’asters populaires
| Variété | Hauteur adulte | Couleur | Usage recommandé |
|---|---|---|---|
| ‘Marie Ballard’ (novi-belgii) | 90 cm | Bleu lavande double | Massif, fleur coupée |
| ‘Andenken an Alma Pötschke’ (novae-angliae) | 120 cm | Rose-rouge vif | Fond de massif |
| ‘Little Carlow’ (cordifolius) | 100 cm | Bleu violacé | Massif vaporeux |
| ‘Lady in Black’ (lateriflorus) | 80 cm | Blanc rosé sur feuillage pourpre | Contraste de couleurs |
Une fois les variétés idéales identifiées, il convient de maîtriser les techniques de plantation pour leur offrir le meilleur départ possible.
Les secrets d’une plantation réussie
Planter un aster ne se résume pas à faire un trou et à y déposer la plante. Le moment, la préparation du sol et les gestes qui suivent la mise en terre sont déterminants pour l’avenir de la floraison.
Le calendrier optimal pour la mise en terre
Agir à la fin de l’été ou au tout début de l’automne est une stratégie gagnante. Le sol est encore chaud, ce qui favorise un enracinement rapide avant les rigueurs de l’hiver. La plante a ainsi le temps de bien s’établir pour pouvoir consacrer toute son énergie à la production de fleurs l’année suivante. Une plantation printanière est possible, mais celle de fin de saison donne souvent de meilleurs résultats pour la floraison de septembre qui suit.
Préparer le terrain avec soin
Les asters détestent avoir les pieds dans l’eau. Une bonne préparation du sol est donc impérative. Voici les étapes à suivre :
- Ameublir la terre en profondeur sur au moins 30 centimètres.
- Si votre sol est lourd et argileux, incorporez du sable de rivière ou du gravier fin pour améliorer le drainage.
- Enrichir la terre avec du compost bien mûr ou un bon terreau de plantation pour fournir les nutriments nécessaires au démarrage.
Les gestes techniques pour une reprise assurée
Le jour de la plantation, faites tremper le godet dans un seau d’eau jusqu’à ce que plus aucune bulle d’air ne s’en échappe. Creusez un trou deux fois plus large que la motte et de même profondeur. Démêlez délicatement les racines si elles forment un chignon. Placez la plante, comblez avec le mélange de terre et de compost, tassez légèrement et formez une cuvette d’arrosage. Un arrosage copieux, même par temps de pluie, est essentiel pour bien faire adhérer la terre aux racines.
Une fois en terre, les asters ne demandent qu’un entretien régulier, dont une taille bien pensée, pour exprimer tout leur potentiel floral.
L’entretien et la taille des asters pour booster la floraison
Un aster bien planté est un bon début, mais un entretien suivi, et notamment une taille stratégique, est le secret pour obtenir des touffes denses et couvertes de fleurs.
La taille de formation ou « Chelsea Chop »
C’est la technique phare des jardiniers anglais. Elle consiste à rabattre les tiges d’un tiers ou de moitié à la fin du mois de mai ou au début du mois de juin (autour de la date du Chelsea Flower Show, d’où son nom). Cette opération, qui peut sembler drastique, a plusieurs avantages : elle force la plante à se ramifier, ce qui produit plus de tiges florales, elle permet de contrôler la hauteur des variétés les plus grandes et de retarder légèrement la floraison pour qu’elle coïncide parfaitement avec le mois de septembre.
La division des touffes pour une vitalité pérenne
Au bout de trois ou quatre ans, la plupart des asters deviennent moins florifères et leur centre se dégarnit. C’est le signe qu’il est temps de les diviser. Au printemps, déterrez la touffe et séparez-la en plusieurs éclats à l’aide d’une bêche bien affûtée. Chaque éclat doit comporter des racines et des départs de tiges. Jetez la partie centrale, la plus vieille, et ne replantez que les éclats vigoureux du pourtour. C’est une cure de jouvence indispensable.
Ces soins attentifs ne porteront leurs fruits que si la plante bénéficie de conditions de culture optimales, à commencer par son emplacement et la qualité du sol.
L’importance du sol et de l’emplacement pour des asters en pleine santé
Le meilleur des entretiens ne pourra compenser un mauvais choix d’emplacement. Les asters ont des exigences précises qu’il faut respecter pour les voir s’épanouir pleinement.
Le plein soleil comme condition sine qua non
Pour une floraison abondante et des couleurs éclatantes, les asters ont besoin d’un maximum d’ensoleillement. Un emplacement recevant au moins six heures de soleil direct par jour est idéal. À l’ombre ou à mi-ombre, les plantes auront tendance à s’étioler, à produire de longues tiges frêles avec peu de fleurs, et seront plus vulnérables aux maladies.
Un sol drainant mais qui reste frais
Le paradoxe de l’aster est qu’il aime un sol qui ne retient pas l’eau en excès en hiver, mais qui ne se dessèche pas complètement en été. Un sol limoneux, riche en humus et bien drainé est parfait. L’ajout de compost au printemps aide à maintenir une certaine fraîcheur au pied tout en nourrissant la plante. Un paillage organique (feuilles mortes, tontes de gazon séchées) est également un excellent moyen de conserver l’humidité du sol durant les mois les plus chauds.
Un aster bien installé et en bonne santé sera naturellement plus résistant, mais une vigilance reste de mise pour le prémunir des maladies.
Protéger et prévenir les maladies des asters
Même les plantes les plus robustes peuvent être sujettes à des attaques de ravageurs ou de maladies cryptogamiques. La prévention est la meilleure des protections.
L’oïdium : l’ennemi public numéro un
Ce feutrage blanc qui apparaît sur les feuilles, surtout en fin d’été humide, est la maladie la plus courante des asters. Pour la prévenir, plusieurs actions sont efficaces :
- Choisir des variétés réputées résistantes.
- Assurer une bonne circulation de l’air en espaçant suffisamment les plantes lors de la plantation.
- Arroser au pied des plantes, en évitant de mouiller le feuillage.
- En cas d’attaque, pulvériser une solution à base de soufre ou de bicarbonate de soude.
Gérer les autres menaces potentielles
La rouille, qui se manifeste par des pustules orangées sous les feuilles, ou les pucerons peuvent parfois poser problème. Une bonne hygiène au jardin, en ramassant les feuilles mortes malades à l’automne, limite la propagation des spores. Contre les pucerons, une pulvérisation d’eau savonneuse ou le recours aux auxiliaires naturels comme les coccinelles sont des solutions écologiques et efficaces.
Avec des plantes saines et bien entretenues, il ne reste plus qu’à orchestrer la scène finale pour un spectacle inoubliable.
Préparer le jardin pour une floraison optimale en septembre
Les dernières semaines avant la floraison sont consacrées à la mise en scène et aux derniers ajustements pour que le jardin offre son plus beau visage.
Le tuteurage discret des variétés hautes
Les asters de grande taille peuvent s’affaisser sous le poids de leurs fleurs ou lors d’un coup de vent. Il est préférable d’anticiper en installant un tuteurage discret dès le mois de juillet. Des tuteurs en bambou reliés par de la ficelle ou des supports circulaires du commerce, placés tôt, seront rapidement cachés par le feuillage. Le soutien sera ainsi invisible mais efficace au moment crucial de la floraison.
L’art des associations végétales
Les asters sont encore plus beaux lorsqu’ils sont bien accompagnés. Pour un effet « jardin anglais », mariez-les avec des graminées comme les Miscanthus ou les Pennisetum, dont les plumeaux dansent au-dessus des fleurs. Les sedums d’automne (Hylotelephium), avec leurs inflorescences plates, créent un contraste de forme saisissant. Les anémones du Japon et les rudbeckias prolongent également la scène colorée pour un automne flamboyant.
Le secret d’un jardin éclatant en septembre réside dans cette somme de petites attentions et de gestes techniques appliqués au bon moment. En choisissant les bonnes variétés, en soignant la plantation, en pratiquant une taille judicieuse et en offrant un environnement sain à vos asters, vous mettez toutes les chances de votre côté. Ces efforts consentis dès maintenant seront la garantie d’un spectacle floral automnal qui viendra récompenser le jardinier patient et prévoyant.
